Contre l’illettrisme, la France toujours mauvaise élève
A l'issue d'une semaine de mobilisation contre l'illettrisme, le constat est toujours amer pour notre pays, puisque 2,5 millions de personnes sont toujours dépourvues des connaissances de base.
L‘illettrisme était élevé au rang de grande cause nationale il y a 3 ans. Mais en France, 7% de la population est concernée, loin derrière les pays du Nord de notre continent, ou encore l’Allemagne ou la Corée du Sud.
Selon l’association ATD-Quart monde, l’illettrisme concerne “les personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante”.
2,5 millions d’adultes illettrés en France
Comment se fait-il qu’au terme de la période scolaire, de l’âge de 6 à 16 ans, autant d’adultes soient aujourd’hui dans l’incapacité de mener une vie “normale” ? Au Parisien, la responsable de la mission Prévention et lutte contre l’illettrisme à la préfecture d’Ile-de-France Agnès Salvadori évoque : ” Ils développent parfois des stratégies d’adaptation assez exceptionnelles car c’est douloureux. Ils s’appuient sur leur entourage, apprennent par coeur…”.
Le quotidien indique que selon les spécialistes, ce taux de 7% pourrait être abaissé à 5% à l’horizon 2018 car les langues se délient et de plus en plus de structures voient le jour pour leur venir en aide. France Stratégie, qui dépend du ministère de l’Intérieur, indique au Parisien que 20% des Français, sans dire qu’ils sont illettrés, ont un faible niveau de lecture et d’écriture : “C’est quatre fois plus élevé qu’au Japon et deux fois plus qu’en Finlande”.
Et l’école dans tout cela ?
Mais qui est responsable de cette situation ? L’école ? Pour Alain Bentolila, linguiste spécialiste de la question et qui a été interrogé par le quotidien, le système éducatif “n’a pas décidé de fabriquer des crétins. Mais il ne se donne pas assez les moyens de fabriquer de l’intelligence. C’est au niveau de la prévention que le système pèche”.
Selon lui, il “faut mettre le paquet sur la maternelle, avec pas plus de 15 élèves par classe, et des enseignants mieux formés (…) Il faut aussi évaluer précisément les élèves aux grandes étapes clés que sont le CP et la 6e : dresser des profils précis des difficultés de chacun, au milieu de l’année, pour remédier à toutes les lacunes avant les grandes vacances”.
Et pour tordre le cou à une idée reçue, 7 personnes illettrées sur 10 ont grandi dans un environnement francophone.