Calais : construction prochaine d’un mur controversé anti-migrants
La Grande-Bretagne a annoncé qu’elle allait financer la construction d’un mur anti-migrants dans le port de Calais. Un projet controversé, jugé inefficace et coûteux.
Londres a décidé de la construction prochaine d’un mur haut de quatre mètres ayant pour objectif d’empêcher les migrants de monter à bord des camions embarquant vers l’Angleterre depuis le port de Calais. Les travaux initiaux ont déjà commencé et la réalisation de ce mur, déjà surnommé « la grande muraille de Calais » par certains médias, devrait être achevée d’ici la fin de l’année. Les associations de poids-lourds ainsi que les associations humanitaires dénoncent déjà ce projet.
Un mur anti-franchissement type OTAN
Le mur, tel qu’il est décrit par les autorités britanniques, est un système « anti-bruit, anti-intrusion » et sera construit le long de la RN 216 en prolongement de la clôture existante entre le port de Calais et le pont de Gravelines. Long d’un kilomètre, il sera construit en béton lisse afin d’éviter toute escalade et se décrit comme « anti-franchissement type OTAN ».
Le mur de béton sera équipé de caméras de sécurité ainsi que de systèmes d’éclairage. Afin d’être moins disgracieux, le mur sera végétalisé sur sa face intérieure mais évidemment pas sur sa face intérieure afin que les migrants ne puissent s’agripper aux végétaux pour l’escalader. Le coût de la construction est évalué à 3,2 millions d’euros, qui seraient pris en charge par l’Etat britannique. Les frais d’entretien du mur, des systèmes d’éclairage et de vidéosurveillance seront cependant à la charge de la société d’exploitation des ports du détroit.
Un mur déjà très contesté pour son efficacité et son humanité
A peine annoncée, la construction du mur a provoqué l’ire de plusieurs associations de chauffeurs de poids-lourds britanniques. Ceux-ci estiment que ce mur sera inefficace et ne règlera en rien les problèmes. Ils fustigent par ailleurs le coût financier de cette opération et réclament une aire de stationnement sûre afin de vérifier le contenu de leur camion avant d’embarquer et une plus grande présence policière.
Les associations humanitaires qui viennent en aide aux migrants dénoncent elles-aussi la construction d’un tel mur. Le président de l’association « l’auberge » moque le projet en rappelant : « On a déjà 50 kilomètres de barbelés autour du port et autour du tunnel. […] On ne va quand même pas construire des barbelés tout le long de l’autoroute jusqu’à Paris ».
Fustigeant le non-sens de la construction d’un tel mur, il insiste sur le fait qu’il faudrait « prendre le problème à la base et se reposer la question de l’opportunité du blocage de la frontière anglaise ». L’association craint par ailleurs aussi pour la sécurité des migrants qui seraient tentés de se placer dans des endroits plus dangereux afin de grimper à bord des camions.
De nombreuses personnes françaises et britanniques déplorent enfin la symbolique de la construction d’un tel mur sur notre territoire. Une pétition contre la construction de ce mur a d’ailleurs été lancée sur Internet.