Les banques françaises et leurs paradis fiscaux préférés
Les banques françaises ont désormais l'obligation de rendre publics les bénéfices qu'elles réalisent dans les paradis fiscaux. Des ONG ont dressé le palmarès de leurs destinations préférées.
Selon les ONG auteures du rapport sur les banques françaises et les paradis fiscaux, les bénéfices réalisés en 2014 par les banques françaises dans les paradis fiscaux représentent un tiers de leurs profits à l’échelle mondiale.
5 milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux
CCFD-Terres solidaires, Oxfam et le Secours catholique sont les ONG à l’origine de ce rapport, que dévoilait Le Parisien en exclusivité ce matin. Si l’on en croit ce rapport, “BNP Paribas et la Société générale sont les banques qui, en valeur absolue, enregistrent les bénéfices les plus importants (respectivement 2,4 et 1,3 Milliards d’euros)”. Et si l’on prend en compte la seule part de bénéfices générés dans les pays à fiscalité avantageuse, le Crédit Mutuel remporte la palme avec pas moins de 44% de ses bénéfices mondiaux.
“Pour un chiffre d’affaires de 1.000 euros, les banques dégagent 362 euros de bénéfices dans les paradis fiscaux contre 227 euros dans les autres pays”, lit-on encore. La productivité des employés dans ces pays serait 2,5 fois supérieure à ce qu’elle est en France, ce qui peut expliquer un tel écart. Enfin quand les banques emploient des personnes, Le Parisien note ainsi que “Bahamas, Bermudes, îles Caïmans, île de Man… (…) les filiales des banques françaises n’y comptent aucun employé. Aux îles Caïmans, seize filiales tricolores ne déclarent aucun salarié”.
Les destinations préférées des banques françaises
Le Luxembourg apparait comme le pays préféré des banques hexagonales, Société Générale et BNP Paribas en tête (avec 590 millions et 566 millions d’euros). Suit la Belgique, dans lequel les filiales ont enregistré en 2014 1,66 milliard d’euros de bénéfices.
Les positions suivantes du classement sont occupées par Hong Kong, Singapour et l’Irlande, mais à des volumes d’argent bien moindres (respectivement 436 millions, 336 millions et 270 millions d’euros de bénéfices).
Manon Aubry, de l’ONG Oxfam, déplore : “Alors que l’on sait que l’évasion fiscale représente pour la France un manque à gagner compris entre 40 et 60 milliards d’euros par an, on voit que l’ère des paradis fiscaux est malheureusement loin d’être révolue. Ils restent au cœur de la stratégie internationale des banques françaises”.