Les babouins sont en mesure de vocaliser au moins 5 voyelles
Une équipe franco-américaine vient de démontrer que les babouins sont capables produire 5 vocalisations proches des voyelles.
La découverte faite par 9 chercheurs français et américains spécialistes de la parole, de l’anatomie du conduit vocal et du comportement des primates ébranle une théorie ancienne de 45 ans. Celle-ci établissait que seul un larynx “bas” (comme celui de l’Homme) permet de produire les sons de la parole.
Mais en analysant les vocalisations de 15 babouins de Guinée vivant au centre des primates du CNRS à Rousset-sur-Arc dans les Bouches-du-Rhône, les chercheurs ont mis en évidence qu’ils pouvaient émettre des sons proches des voyelles.
Des sons qui “préfigurent un système de parole chez les primates”
Joël Fagot, chercheur du CNRS au laboratoire de psychologie cognitive AMU et coauteur de l’étude parue dans la revue PLOS One, indique : “Pendant trente ou quarante ans on a pensé que ces babouins étaient incapables de prononcer les sons de la parole”.
[i æ a o u] sont les 5 vocalisations détectées parmi plus d’un millier d’autres. Ici, précise le chercheur, il ne faut “pas confondre les voyelles de l’écriture avec les voyelles de la langue parlée (…) Le français parlé utilise 17 voyelles différentes que l’on code par des caractères phonétiques. Toutes les langues du monde n’utilisent pas un même nombre de voyelles parlées”. Toujours est-il que ces primates peuvent combiner des sons pour former par exemple, un “Wahou”.
Le langage humain apparu avant les Homo Sapiens ?
Dès lors, si le larynx du babouin pourtant placé plus haut que celui de l’homme peut produire certaines voyelles, pourquoi pas les ancêtres de l’Homo Sapiens ? Pour Joël Fagot, “Cela laisse entendre que la parole humaine a une très longue histoire évolutive. Contrairement à ce qu’on pensait, ce n’est pas quelque chose qui a émergé avec l’homme moderne actuel, c’est certainement plus ancien”.
Plus précisément, nous apprend un communiqué du CNRS, “les langues parlées auraient pu évoluer à partir d’anciennes compétences articulatoires déjà présentes chez notre dernier ancêtre commun avec les Cercopithecoidae, il y a environ 25 millions d’années”.