Apnée du sommeil : le baclofène mis en cause par l’Inserm
Des chercheurs de l'Inserm affirment que le baclofène, un myorelaxant utilisé pour lutter contre la dépendance à l'alcool, est à l'origine de sérieuses apnées du sommeil chez certains patients.
En 2014, l’Agence du médicament donnait le feu vert à une utilisation du baclofène dans le traitement de l’alcoolisme. Et en tout début d’année, une étude participative était lancée dans le but de déterminer le rôle précis de ce myorelaxant dans les effets indésirables découlant de son recours.
Parmi ces effets indésirables semble se trouver l’apnée du sommeil. Selon une étude conduite par des chercheurs de l’Inserm et dont les conclusions sont récemment parues au sein de la revue Chest, le baclofène serait ainsi à l’origine de sévères apnées du sommeil observées chez certains patients.
Baclofène : de sévères apnées du sommeil chez certains patients
Les recherches se sont portées sur quatre sujets, ainsi suivis pour notamment s’administrer des doses de baclofène visant à les aider à se détacher de l’alcool. Des quantités qui pouvaient aller jusqu’à 190 milligrammes quotidiennement. Ces patients, exclusivement des hommes, évoquaient tous sans exception des symptômes traduisant une apnée du sommeil (suffocation nocturne, ronflements ou encore somnolence diurne).
Ces sujets ont été invités à passer plusieurs tests, incluant une polysomnographie. Il s’agit là d’un examen demandant à ce que les patients soient préalablement équipé d’électrodes à différents endroits du corps. Pendant leur sommeil ont ainsi été enregistrées des variables physiologiques tels un électroencéphalogramme, un électromyogramme des muscles des bras ou des jambes et leur rythme à la fois respiratoire et cardiaque.
“Jusqu’à 100 interruptions respiratoires et 40 micro-éveils par heure !”
Le constat, rapporté par le pneumologue et co-signataire de l’étude Fréderic Gagnadoux, apparaît sans appel : “Ces quatre hommes souffraient sans conteste d’une apnée sévère du sommeil, avec jusqu’à 100 interruptions respiratoires et 40 micro-éveils par heure ! Et plus précisément d’une forme d’apnée du sommeil dite centrale, dans laquelle c’est le cerveau qui provoque ces arrêts respiratoires nocturnes fréquents.”
La mise en cause du baclofène s’explique par le fait qu’aucun de ces quatre hommes n’affichait un risque de contracter une apnée du sommeil. L’un d’entre eux n’en a d’ailleurs plus connue après avoir stoppé son traitement. Les chercheurs appellent par conséquent à une prise en charge immédiate des patients traités au baclofène lorsqu’une sévère apnée du sommeil se manifeste chez eux. Ils ne réclament toutefois pas son arrêt pour les patients ne connaissant pas cet effet indésirable.