Anorexie et boulimie : une protéine impliquée montre la voie à de nouveaux traitements ?
La psychologie pour expliquer boulimie et anorexie ? Pas seulement. Une protéine impliquée pourrait déboucher sur de nouveaux remèdes.
Jusqu’à ce jour, on attribuait le développement des troubles des comportements alimentaires (TCA), tels que l’anorexie et la boulimie, à des problèmes purement psychologiques. Si cette dernière piste n’est pas écartée pour autant, des chercheurs de l’Inserm publient une étude qui démontre le rôle de l’intestin dans ces maladies. Pierre Déchelotte, co-auteur de cette étude, le dit sans ambages : “Il faut arrêter de dire que tout est dans la tête”.
En effet, une protéine produite par des bactéries intestinales pourrait avoir sa part de responsabilité dans l’apparition des TCA. Cette protéine ClpB, sœur jumelle de l’hormone responsable de la satiété, augmente, c’est selon, cette sensation ou contraire, la boulimie.
Anorexie et boulimie : vers un test sanguin ?
La protéine fautive a été injectée sur des souris, des tests qui ont prouvé l’importance de la protéine. Confirmation par la suite avec des tests humains. Ces résultats ont au moins le mérite de déculpabiliser les personnes atteintes par ces TCA, soit entre 5% et 10% de la population, avec un pic de 20% chez les 18-25 ans.
Dès lors, quelles sont les perspectives médicales ? Pierre Déchelotte explique : “Nous travaillons actuellement au développement d’un test sanguin basé sur la détection de la protéine bactérienne ClpB. Si nous y arrivons, il permettrait la mise en place de thérapies spécifiques et individualisées des troubles du comportement alimentaire”.
Cependant, comme le rappelle Sergeï Fetissov, second co-auteur de l’étude, cette protéine n’est pas suffisante à espérer la fin des TCA : “Il ne faut pas oublier que ces pathologies sont aussi associées à des troubles psychologiques qu’il faut prendre en compte”.