Alpes : le dégel provoque un nombre croissant d’écroulements
C'est l'une des conséquences du réchauffement climatique : avec le dégel du "ciment de glace", de plus en plus d'écroulements se produisent dans le massif alpin.
Des conséquences du réchauffement climatique appliquées aux hautes montagnes, on connaît principalement le phénomène de la fonte des glaciers. Mais depuis une vingtaine d’années, le dégel progressif du “ciment de glace” provoque nombre d’écroulements dans la chaîne des Alpes.
150 écroulements depuis le début de l’été
Pour les observateur, un écroulement correspond à la chute ou l’effritement d’au moins 100 mètres cube de rochers. Et l’année 2015 fait déjà figure de record, puisqu’au moins 150 d’entre eux au bas mot ont été relevés depuis le début de l’été. Il dépasse même en cela le précédent record établi à la même période en 2003, année de la canicule.
Le Monde rapporte les propos de Ludovic Ravanel, chargé de recherche au CNRS et spécialiste des dynamiques et territoires de la montagne : “Il ne faut pas voir les hautes montagnes comme quelque chose d’extrêmement solide. Souvent, c’est simplement un enchevêtrement d’éléments rocheux dont la stabilité est permise par la présence de glace. (…) Si l’on fait fondre le ciment des montagnes, des pans entiers de versants peuvent se déstabiliser”.
Des chiffres impressionnants
En 2011, à cause de ce phénomène, 3 millions de mètres cube décrochaient du piz Cengalo, en Suisse. En 1997, sur le versant italien du Mont-Blanc, un autre écroulement survenait à l’éperon de la Brenva, avec ici 2,5 millions de mètres cube.
Et Ludovic Ravanel n’est pas vraiment optimiste : “Ce qui est à craindre, c’est la multiplication de ce type d’étés caniculaires, qui accélèrent la dégradation du permafrost. Même s’il se reconstitue un peu l’hiver, toute la glace ne se reforme pas et l’année suivante, ça dégèle plus rapidement et plus profondément”. Quels sont les risques pour les hommes ? Pour le moment, aucun car les écroulements se produisent à haute altitude. Mais le phénomène pourrait plus tard se propager aux vallées, accompagné d’avalanches ou de coulées de boue. C’est ce qui s’est produit dans le Caucase par exemple au début du siècle.