Oskar Gröning, l’ancien comptable d’Auschwitz face aux juges
Le 21 avril, le procès d'Oskar Gröning, ancien nazi et comptable du camp d'Auschwitz, s'ouvrira. A 93 ans, il sera jugé pour "complicité de meurtres aggravés".
Il est sans doute le dernier soldat du IIIème Reich à comparaître devant une cour de justice. En effet, si une douzaine d’autres anciens nazis font l’objet d’une enquête, il fait peu de doute qu’en fonction de leur grand âge, il y ait d’opportunités de voir d’autres procès se tenir. Oskar Gröning, bientôt 94 ans, sera jugé à partir du 21 avril à Lunebourg dans le nord de l’Allemagne, pour “complicité de meurtres aggravés”.
L’ancien comptable du camp d’Auschwitz est accusé d’avoir facilité le départ pour les chambres à gaz de quelque 300.000 juifs hongrois déportés au début de l’année 1944.
Oskar Gröning, la violence administrative
Le vieil homme, aujourd’hui très diminué, s’est toujours défendu d’avoir porté de coups sur quiconque. Mais si les mains sont restées “propres”, il n’en reste pas moins qu’il fut un serviteur zélé de la solution finale. Ce qui lui est reproché c’est une fois au moins la macabre sélection, dès l’entrée des déportés dans le camp polonais, de ceux en capacité de travailler et de ceux qui étaient tués l’instant d’après.
En outre, il était en charge de la collecte de l’argent pris sur les prisonniers, puis de son acheminement à Berlin.
L’extermination,“un outil pour mener la guerre avec des méthodes avancées”
Serge Klarsfeld, l’infatigable “chasseur de nazis”, réagit à la tenue de ce procès chez nos confrères du Point : “L’aspect positif, c’est la volonté de juger les criminels nazis jusqu’au dernier souffle. Mais, puisqu’il est trop tard pour les décisionnaires, on étend la notion de culpabilité à un point qui ne me plaît pas”.
En 2005, comme le rapporte l’édition suisse de 20minutes via l’Afp, l’ancien SS avait accordé un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Pour le soldat, l’extermination était “un outil pour mener la guerre avec des méthodes avancées”. Si Oskar Gröning demande pardon, il ne voit cependant pas de légitimité à sa poursuite au pénal : “Je décrirais mon rôle comme celui d’un petit rouage. Si vous qualifiez ça de culpabilité, alors je suis coupable. Mais juridiquement parlant, je suis innocent”. Ce veuf n’a pas tenté d’échapper à la justice en mettant en avant son âge, et déclarait encore tout récemment au quotidien Die Welt qu’il parlerait au procès, “Si [je] suis encore en vie”.