Affaire Bygmalion : l’ex-trésorier de l’UMP exprime des soupçons
L'ancien trésorier de l'UMP Dominique Dord apparaît surpris de voir sa signature à de multiples reprises sur de fausses factures établies durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Et de soupçonner ainsi un usage abusif.
La campagne présidentielle de l’ancien exécutif Nicolas Sarkozy a, entre autres, donné lieu à la rédaction de fausses factures, lesquelles constituent l’affaire Bygmalion. De par ses signatures observées à plusieurs reprises sur ces documents, l’ancien trésorier de l’UMP Dominique Dord apparaît à première vue comme un acteur notable de cette tromperie.
M. Dord s’est pourtant dit “troublé par la fréquence à laquelle [sa] signature électronique semble avoir été utilisée à cette période pour ces engagements de dépense”. Le 26 juin dernier, dans le bureau du juge d’instruction, le député de l’Eure s’est même laissé aller à une exclamation, rapportée à l’AFP par une source proche du dossier : “Cela n’en fait pas beaucoup que j’ai signées dans tout cela. C’est dingue !”
Signatures dans l’affaire Bygmalion : Dominique Dord nourrit des soupçons
L’ex-trésorier a toutefois reconnu avoir procédé à la signature d’engagements de dépense : “Le rôle du trésorier est de signer, comme le trésorier d’une commune signe au vu de la facture qui lui est présentée.” En précisant que sa signature électronique pouvait faire l’affaire lorsqu’il ne se trouvait pas à Paris, même si selon lui, cet usage revêtait un caractère exceptionnel. Fabienne Liadze, directrice des ressources de l’UMP, a pour sa part indiqué au juge d’instruction qu’il est possible que, “de manière exceptionnelle”, Dominique Dord lui ait donné “l’autorisation d’utiliser la griffe pour signer”. Mise en examen dans cette affaire, Mme Liadze a ajouté que “cette griffe était toujours dans [son] bureau” et qu’elle la donnait “à [ses] collaborateurs”. Mais “jamais sans l’accord du signataire. Et je pense qu’il le sait.”
Une “expertise graphologique” demandée
Dominique Dord souhaite pouvoir prouver une utilisation abusive de sa signature électronique, une intention communiquée au juge : “Il me semblerait utile de faire une expertise graphologique, car si c’est ce que je redoute, l’utilisation de la signature électronique n’a pas du tout été exceptionnelle, ce qui pourrait changer ma vision de cette affaire”. Celui qui a échappé à la mise en examen pour finalement revêtir le statut de témoin assisté dans ce dossier a également déclaré : “La semaine du mariage de ma fille, je peux admettre qu’on ait eu besoin de ma signature électronique, mais s’il est confirmé qu’elle a été utilisée pour les autres virements et chèques, ils ont été faits à une période où je venais suffisamment régulièrement pour pouvoir signer directement, sans qu’on utilise ce procédé.”