Acheter dans un hard discount fait-il grossir ?
Selon une étude de l'Inserm, les consommateurs qui achètent leurs courses en hard discount sont plus gros que les autres.
Le poids selon son lieu de courses, c’est une approche originale de la consommation. L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a dévoilé jeudi une étude qui établit une corrélation entre prise de poids et lieu d’achat. Les chercheurs de l’Inserm ont étudié 7 131 personnes faisant leurs courses dans dix quartiers parisiens et 111 villes de banlieue, soit au total 1 097 supermarchés. Le résultat est significatif, les consommateurs qui achètent dans des magasins de type hard discount ont un tour de taille plus large de 2,2cm.
Basile Chaix, le chercheur qui dirige l’étude reste toutefois prudent quant à la leçon qu’on peut tirer de cette étude et souligne lors d’une interview sur Europe 1 que « le chercheur se doit d’être réservé quant à l’interprétation de ses résultats ». Toutefois, trois hypothèses peuvent être avancées. Premièrement, les magasins de hard discount n’afficheraient « pas la même qualité en repères nutritionnels », ainsi les clients ne sauraient pas vraiment qu’elle est la valeur nutritionnelle du produit qu’ils achètent. Deuxièmement, il y a une différence de mode de consommation entre les clients des supermarchés. Ainsi, au hard discount on a tendance à consommer plus gras. Troisièmement, le prix du « gras ». Cette hypothèse rejoint un peu la précédente : il est moins cher de consommer des aliments gras et trop calorique. Les clients des hard discount y vont pour consommer moins cher que dans un magasin « normal », leurs achats se portent donc sur des aliments qui font grossir.
Manger bio pour maigrir ?
Le bio lui est plutôt cher et ceux qui vont dans un magasin ont un tour de taille 6 cm plus petit que la moyenne. Est-ce que manger bio fait vraiment maigrir ou peut-on penser que les habitudes de consommation, la possibilité de pratiquer plus de sport, le type de métier… sont aussi en jeu ? L’étude de l’Inserm reste quelque peu incomplète quant à la taille du porte-monnaie des consommateurs. Basile Chaix l’admet : « On peut se demander si certaines enseignes constituent un environnement alimentaire défavorable ou si les associations observées sont liées à un défaut d’ajustement de notre modèle qui ne tient pas compte des préférences alimentaires. Il faut donc aller plus loin dans les investigations ».
Quoi qu’il en soit, cette étude montre tout de même que « cette étude montre que les supermarchés constituent un lieu potentiellement pertinent pour développer des interventions (diffusion de messages nutritionnels ou autres actions de santé publique) et permet d’identifier ceux dans lesquels de telles interventions sont plus particulièrement utiles pour s’attaquer à l’épidémie d’obésité et à sa distribution inégalitaire ».
On peut tout de même se demander si ces interventions seraient réellement utiles : tant qu’il sera moins cher de manger gras, les gens achèteront « gras ».